COALITION à la Gaîté Lyrique : Quand l'art rencontre l'écologie

“Coalition”, l’exposition phare du 15ᵉ anniversaire du Prix COAL, a pris ses quartiers à la Gaîté Lyrique pour mettre en lumière les artistes qui intègrent l’écologie au cœur de leur création. COAL ne se contente pas d’encourager cette démarche ; l’organisation s’attache à instaurer l’écologie dans le milieu culturel, à promouvoir une représentation plus forte et plus visible de ces enjeux cruciaux. 

Ainsi, l’exposition célèbre la grande variété d’approches artistiques et présente une collection d’œuvres qui respecte la parité entre artistes femmes et hommes, tout en mêlant les talents émergents aux voix établies. Ensemble, ils forment une mosaïque inspirante, élargissant notre compréhension de l’environnement et stimulant le dialogue sur le rôle de l’art dans la promotion du développement durable.

Vue de l'exposition

Étendards de COALITION : Un Siècle de Lutte Féminine et Écologique

Dès le début de l’exposition, je suis accueillie par les étendards écoféministes suspendus, flottant comme des bannières de ralliement. Créés en 2018 par Lucy + Jorge Orta en cocréation avec des détenues d’une prison de Londres, ces étendards commémorent le centenaire du suffrage féminin tout en tissant un lien avec l’urgence climatique. C’est un hommage poignant qui vise à rendre visible les femmes incarcérées, souvent oubliées, et à réaffirmer leur voix dans le combat pour la justice sociale et environnementale. Par ailleurs, leur présence ici, à la Gaîté Lyrique, n’est pas simplement décorative ; elle est porteuse d’histoire, de luttes et d’espoirs, marquant le début de mon voyage à travers “COALITION” avec une force symbolique inoubliable.

Vue de l'exposition
Lucy + Jorge Orta, Procession banners 1918-2018, 2018

Descente vers l'éveil écologique

En pénétrant dans l’espace principal de “COALITION”, le manifeste du photosynthésisme annonce la couleur : nous sommes ici pour réfléchir et agir. “Je ne suis pas une cabane” de Sara Favriau interpelle par sa vision de sobriété et de liberté, un espace qui invite à repenser notre lien avec la nature. 

De plus, les multiples visages de “Sources” de Beya Gille Gacha, en résine naturelle pleurant, accrochés sur une branche, me marquent par leur expression poignante de la souffrance des arbres. Cette œuvre parle d’une humanité déconnectée du vivant et ce discours résonne en moi. Ces premières œuvres de “COALITION” déclenchent en moi une résonance particulière, entamant un parcours d’éveil écologique, personnel et universel à la fois.

Sara Favriau, Ceci n'est pas une cabane, 2016
Beya Gille Gacha, Sources, 2021
Beya Gille Gacha, Sources, 2021

Hybrides Céramiques et Nuages d'Encre : Dialogues avec l'Eau chez COALITION

L’ambiance se transforme alors que je m’aventure plus profondément dans “COALITION”. Je suis guidée vers les profondeurs des abysses avec les œuvres d’Elsa Guillaume, Cavalcade amphibienne. Ses hybrides céramiques mi-humains, mi-grenouilles suggèrent subtilement l’importance de nos racines aquatiques et le besoin de renouer avec elles. 

Puis, je reste scotché devant l’œuvre, “Noir de Carbone” d’Anaïs Tondeur. Elle convertit la pollution en encre, qu’elle utilise pour imprimer de somptueux tirages noir et blanc de nuages. En effet, son approche, transformant un agent polluant en art, résonne profondément avec mes propres réflexions sur une impression photo plus écologique. Ses œuvres ne sont pas seulement visuellement saisissantes, elles sont aussi un commentaire puissant sur notre impact environnemental.

Elsa Guillaume, Cavalcade amphibienne, 2024
Anaïs Tondeur, Noir de carbonne, 2017-2018

Teintes et Murmures : L'Harmonie du Vivant chez COALITION

Continuant ma visite de “COALITION”, je me laisse envelopper par “Confinement” d’Erik Samakh, une célébration sonore de la diversité forestière. Là où les champs de monoculture imposent le silence, ses installations auditives me plongent dans l’écoute attentive du vivant. Les plantes, insectes et oiseaux réinvestissent l’espace, leurs murmures caressant mes oreilles et réveillant mes sens à la complexité de la nature. 

Parallèlement, “Le Jardin” d’Alex Cecchetti déploie un dédale de longs textiles, teintés à partir de divers végétaux. Sur ces voiles flottants, des aquarelles et des haïkus sont accrochés, invitant à la joie et à la communion, dans un esprit qui évoque la fraîcheur et l’insouciance du mouvement hippie. 

Ainsi, les créations de Samakh et Cecchetti fusionnent. Une harmonie évidente naît de leur dialogue : les sons de Samakh et les teintes de Cecchetti interagissent, tissant une ode à la diversité et à la splendeur du vivant. Ce dialogue artistique, qui résonne en moi, illustre un monde où l’équilibre règne.

Alex Cecchetti, The garden (My name is Joy and I am the revolution), 2020-2024

 Alex Cecchetti, The garden (My name is Joy and I am the revolution), 2020-2024 avec l’installation sonore :  Erik Samakh, Confinement, 13 avril 2020

La mémoire des glaciers : un moment fort de COALITION

Dès l’ouverture de la seconde porte, l’intensité de l’installation d’Angelika Markul me fait hésiter. Je suis enveloppé par une atmosphère sombre qui transforme l’espace en un sanctuaire, un tombeau pour les glaciers et les civilisations perdus. La vidéo, immense, illustre la triste régression des glaciers, tandis que les visages de cire, vestiges des Amérindiens disparus, me contemplent de leurs orbites vides. 

Par ailleurs, la salle vibre d’une musique qui, conjuguée à la disposition des visages et à l’immensité de l’écran, crée une expérience immersive intense. Il se dégage de cette installation une énergie incroyable, qui me frappe de plein fouet, un véritable choc sensoriel et émotionnel. Finalement, l’atmosphère chargée et la puissance de l’émotion me submergent, me poussant à quitter la salle avant la fin. C’est avec un sentiment d’oppression et d’émerveillement mêlés que je prends congé de cette gardienne de la mémoire des glaciers.

Un des visages de cire

Angelika Markul, La mémoire des glaciers, 2017-2024

Une Exposition en Harmonie avec Mes Convictions

En somme, j’ai adoré l’exposition “COALITION” qui a résonné avec ma démarche artistique et a renforcé mes convictions écologiques. Parmi un éventail impressionnant d’artistes, Anaïs Tondeur et Angelika Markul m’ont particulièrement marqué, que ce soit par son processus créatif pour l’une ou le sentiment face à son installation pour l’autre. L’exposition regorgeait d’artistes talentueux et il était impossible de tous les nommer dans cet article, mais parmi eux, le Nouveau Ministère de l’Agriculture m’a également touché par leur humour satirique. De plus, en voyant ces œuvres, je ne pouvais m’empêcher de penser combien ma série “Sursaut” s’harmoniserait avec cette exposition, tant elle est en accord avec son thème et son esprit. J’espère qu’un jour, elle y trouvera sa place.

Extrait de ma série Sursaut
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