Sursaut

Dans Sursaut, Claire Béteille pousse encore plus loin sa démarche consistant à déconstruire et reconstruire le paysage. Cette fois-ci, elle intègre de nouvelles textures : celles du corps féminin. Les courbes et la peau des corps se fondent harmonieusement avec les éléments naturels, donnant naissance à de nouvelles formes, lignes et textures. En jouant avec le rapport d’échelle, les corps, voire certaines parties du corps, acquièrent une dimension démesurée par rapport au paysage environnant. Ainsi, ce dernier se trouve totalement remodelé et le spectateur davantage perturbé.

Alors que la nature est actuellement menacée et détruite de toutes parts, à travers ses images, l’artiste la magnifie, mettant en exergue sa puissance et sa majestuosité. En introduisant une entité féminine dans le paysage, son travail s’inscrit dans la tradition de la déesse mère, lui conférant alors une dimension quasi sacrée.

Claire Béteille rend ainsi hommage à Mère Nature en la personnifiant, lui insufflant vie afin qu’elle puisse faire entendre sa voix et signifier sa présence. À travers ses images, Mère Nature se réveille, comme dans un sursaut. Ce sursaut symbolique rappelle l’importance de préserver notre environnement face aux multiples menaces qui pèsent sur lui. Il rappelle également au spectateur l’importance de protéger la nature, de prévenir la disparition des espaces naturels et la perte de biodiversité.

L’utilisation du cyanotype, un ancien procédé photographique, ramène l’artiste aux origines de la photographie, rétablissant ainsi un lien avec la matière, quelque peu perdu à l’ère du numérique. Tout comme la nature, ce procédé a besoin de la lumière du soleil pour se développer. Au contact de la lumière solaire, le produit réagit et se transforme en un magnifique bleu foncé.

Ces monochromes bleus fusionnent les corps et la nature, leur conférant une aura mystique. Le bleu apporte calme et sérénité aux images, venant ainsi équilibrer la violence du message transmis. Il symbolise également la mère et l’eau. Les images semblent immergées dans un liquide amniotique, d’où surgit un corps, une silhouette blanche qui se détache et prend vie. Des éléments naturelles émergent la vie.