Pourquoi le selfie en Irlande ?

La création d’une série photographique est un chemin jalonné d’expérimentations, d’erreurs et de trouvailles. Avec « Allées et venues irlandaises », j’ai exploré notre rapport aux paysages touristiques à travers le selfie. Mais avant d’aboutir au résultat final, de nombreuses étapes ont été nécessaires. Plongeons ensemble dans ce processus de création.

La genèse de la série : une réflexion sur le tourisme et l'image

Lors de mon séjour Erasmus en Irlande, j’ai tout de suite eu envie de créer une série sur les pratiques touristiques dans ce pays. Avant de partir, j’ai consulté différents sites et blogs de voyage. J’ai constaté que la plupart des touristes faisaient le tour de l’Irlande en une semaine, en se concentrant sur les sites les plus célèbres et en parcourant de longues distances en bus. Souvent, ces circuits incluent des arrêts d’une heure sur les lieux emblématiques, tandis que le reste du temps est passé sur la route. Pourtant, toute l’Irlande est fascinante en termes de paysages.

Le cliché joue un rôle central dans le tourisme. Le voyageur recherche une idée du paysage plutôt que le paysage lui-même. Il veut voir une image idéalisée. Si l’on retire l’élément principal d’un paysage, celui-ci devient méconnaissable. Avec ces tours express, les clichés sont d’autant plus renforcés. Les sites web et agences de voyage mettent en avant un top 10 des lieux à visiter, et les bus tours s’alignent sur ces recommandations. Ainsi, les touristes ne voient pas le paysage dans son ensemble, mais uniquement son élément le plus marquant.

Avec mon projet, j’ai voulu mettre en valeur à la fois le « paysage touristique » et un autre paysage, celui qui passe inaperçu. Mon approche repose sur trois images par lieu : ce que les touristes ne voient pas à l’endroit touristique, ce qu’ils voient depuis le bus et ce qu’ils ne verront jamais parce qu’ils n’y vont pas.

Les premiers essais : tester pour mieux avancer

Dès le début, j’ai cherché une façon de cacher l’élément principal d’un paysage tout en mettant en avant ce qui l’entoure. Plusieurs tests ont été réalisés avant de trouver la bonne approche :

  • Test 1 : Ajouter un cadre blanc sous Photoshop. Trop artificiel, trop détaché du sujet.
  • Test 2 : Placer une feuille blanche dans le paysage. L’idée était intéressante, mais visuellement peu convaincante.
  • Test 3 : Utiliser un portable et une perche à selfie pour masquer le paysage. Mauvais choix, l’image ressemblait trop à une publicité pour smartphone.
test 1 : carré blanc
Test 1
test 2 : avec une feuille de papier
Test 2
test 3 : test avec un téléphone
Test 3

Chacune de ces étapes m’a permis d’affiner mon concept et d’aller plus loin dans ma réflexion.

Vers une esthétique cohérente : affiner le concept du selfie masqué

Petit à petit, une idée s’est imposée : utiliser un vêtement pour masquer mon visage, laissant ainsi le paysage s’exprimer pleinement.

  • Test 4 : Un pull gris porté à l’envers, capturé avec téléphone et appareil photo. Une avancée intéressante, mais la texture du pull était trop présente.

  • Test 5 : Simulation sous Photoshop pour prévisualiser la série complète. Cette approche a été utile pour mieux anticiper le résultat final.

  • Test 6 : Choisir un sweat blanc, plus neutre et épuré. L’absence de flash a permis de préserver les détails du textile sans altérer le paysage.

test 4 : selfie avec capuche grise
Test 4
test 5 : selfie avec simulation capuche grise
Test 5
test 6 : selfie avec capuche blanche
Test 6

Le concept du selfie inversé prenait forme, permettant d’effacer l’individu pour mieux révéler l’environnement.

La série finale : capturer et sélectionner les images fortes

Une fois le concept validé, j’ai passé plusieurs mois à réaliser ces selfies à travers l’Irlande, choisissant avec soin des lieux emblématiques pour servir mon propos. Cette phase a demandé de la patience et une grande attention aux détails.
Enfin, la dernière étape a été la sélection des dix images finales. J’ai pris en compte la composition, les couleurs et l’impact visuel de chaque photo pour ne garder que celles qui traduisaient le mieux mon intention.

Aperçus de toutes les photos selfies

Derrière chaque image, un long processus de création

Un projet artistique ne naît jamais en un claquement de doigts. « Allées et venues irlandaises » est le fruit de quatre mois d’expérimentations, d’ajustements et de recherches. Chaque selfie de cette série porte en lui une réflexion sur notre rapport aux paysages et à l’autoportrait, interrogeant la place de l’individu dans son environnement.

J’aime partager l’envers du décor, car il révèle tout le travail caché derrière une simple image. Si ce processus vous intéresse, je partage régulièrement mes coulisses dans ma Fourmilettre.

Pour découvrir la série « Allées et venues irlandaises » dans son intégralité, c’est par ici :

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