Allées et venues Irlandaises
Allées et venues Irlandaises interroge notre rapport aux paysages touristiques véhiculé ces dernières années via internet et les réseaux sociaux. Les touristes recherchent de plus en plus la photographie «clichée» de leurs vacances. La plupart viennent en Irlande pour moins d’une semaine et voyagent généralement en voiture ou en bus. De nombreux sites internet et les compagnies de Bus Tour proposent de visiter le Top 10 des plus beaux lieux d’Irlande : Howth, Brú na Bóinne, la chaussée des géants, Carrick-a-Rede Bridge, le château de Dunluce, la cascade de Glencar, l’abbaye de Kylemore, le Dolmen de Poulnabrone, les falaises de Moher, Glendalough. Ayant déjà une idée préconçue d’un paysage, le touriste part en quête d’images idéalisées et ne s’accorde généralement pas le temps de la contemplation. Si l’on retire l’élément principal du paysage touristique, le lieu n’est plus reconnaissable.
Avec Allées et venues Irlandaises, je masque cet élément par ma silhouette, rappelant le selfie populaire sur les réseaux sociaux. Celle-ci apparaît alors comme une ombre inversée du spectateur et le force à regarder ce qu’il ne prend habituellement pas le temps d’observer. La part de paysage qui entoure le point de vue touristique est ainsi mis en valeur. En parallèle, je montre le paysage caché à ses yeux, un peu à l’écart des sentiers privilégiés. Quant à elles, les photos floues prises à travers la vitre des transports représentent les paysages entre chaque point d’intérêt. Ils sont vus de manière fugace, comme à travers un filtre.
Photographies de l’exposition : Écrans partagés, la photographie après 31 ans de Web, Institut Français, Riyad, 2022 – Crédits photo : © Diaph8