Surréalisme au Centre Pompidou : (Re)découvrir les femmes artistes de l'exposition
- 31 octobre 2024
- Inspirations
L’exposition sur le surréalisme au Centre Pompidou a été une véritable révélation. Avec les copines de Connexions Naturelles, nous avons été subjuguées par les près de 500 œuvres présentées. Une immersion de près de 3 heures dans un univers onirique et fascinant.
Célébrant le centenaire du surréalisme, cette rétrospective a suscité en moi un véritable coup de cœur. J’ai été particulièrement touchée par la redécouverte d’un art aussi riche et varié, ainsi que par la mise en lumière d’artistes femmes, dont le rôle a été fondamental dans ce mouvement.
Parmi cette multitude d’œuvres, j’ai été particulièrement frappée par le travail des femmes surréalistes. Si les noms de Salvador Dalí, Max Ernst ou René Magritte sont familiers, ceux des artistes femmes qui ont participé à cette aventure créative le sont moins. C’est pourtant bien à elles que je souhaite consacrer, en partie, cet article.
Parmi cette multitude d’œuvres, j’ai été particulièrement frappée par le travail des femmes surréalistes. Si les noms de Salvador Dalí, Max Ernst ou René Magritte sont familiers, ceux des artistes femmes qui ont participé à cette aventure créative le sont moins. C’est pourtant bien à elles que je souhaite consacrer, en partie, cet article.
Le surréalisme au féminin : un héritage méconnu
En effet, quand on pense au surréalisme, à part Dali ou Magritte, difficile de citer une femme peintre, non ? Pourtant, ces femmes ont joué un rôle fondamental dans ce mouvement, bien qu’elles soient souvent restées dans l’ombre. Reléguées au rôle de muse, de sorcière ou d’objet d’érotisme, les femmes surréalistes ont bien été de véritables créatrices, apportant leur touche personnelle à ce mouvement artistique.
Prenons l’exemple de Dorothea Tanning. Son autoportrait : Birthday, avec son regard intense et son allure de créature fantastique, témoigne d’une grande maîtrise technique et d’une vision artistique singulière. L’artiste s’y représente non pas comme un objet de désir, mais comme une femme forte et indépendante. À l’inverse, l’œuvre de Max Walter Svanberg, Himlens ljusblå orkidé och stjärnans tiohövdade åtrå, présente une femme poupée, infantilisée et érotisée. On voit très bien, avec ces deux exemples, la différence de traitement de la figure féminine chez les surréalistes.
C’est pourquoi, les œuvres féminines, souvent méconnues, méritent d’être redécouvertes pour nous permettre de mieux comprendre la richesse et la complexité du mouvement surréaliste.
Des découvertes inattendues : artistes, femmes et surréalisme
Grâce à cette exposition, j’ai pu découvrir des artistes incroyables, souvent méconnues. Parmi elles, Dorothea Tanning, Remedios Varo et Judit Reigl m’ont particulièrement marquée.
L’un de mes coups de cœur : « Creación De Las Aves » de Remedios Varo m’a fascinée. Cette œuvre évoque pour moi la dualité de la condition féminine : une créatrice enfermée dans sa tour, symbolisant à la fois la créativité et l’isolement. Les oiseaux qu’elle donne vie représentent ainsi l’échappée, la rêverie et la liberté. J’ai beaucoup aimé l’originalité de cette toile et ce personnage femme-chouette. C’est peut-être mon engouement pour les oiseaux qui a parlé.
De plus, « Ils ont soif insatiable de l’infini » de Judit Reigl m’a également profondément touchée. En détournant les codes de l’Apocalypse, l’artiste nous offre une vision inédite et colorée de ces cavaliers généralement funestes. Ces personnages tous en rondeur et enfantins, très cartoon, contrastent avec les représentations plus étirées et sombres habituelles dans le surréalisme (comme chez Dali par exemple).
J’ai choisi ces deux œuvres de manière subjective, car elles m’ont touché chacune à leur manière. Elles sont toutes les deux bien différentes. Ce choix a été quelque peu difficile tant j’ai découvert et adoré plein d’artistes que je ne connaissais pas.
Max Ernst, un univers foisonnant
Changement radical, car ce n’est ni une femme ni une artiste que je ne connaissais pas, je veux parler de Max Ernst. Je connaissais son travail mais je ne connaissais pas l’étendue de sa créativité. J’ai été stupéfait par la diversité de ses techniques : gravures en noir et blanc, huiles sur toile, sculptures en bronze ou encore la décalcomanie, un procédé de frottage de deux toiles pour obtenir un résultat aléatoire. Il utilise cette dernière dans « L’armée céleste », où une tête de colombe émerge d’un chaos de formes colorées. Le résultat est saisissant.
Avec « Capricorne », on est face à une immense statue en bronze d’un personnage à tête de taureau, trônant fièrement sur son piédestal. La mise en lumière de cette œuvre accentue son impact visuel. J’ai été bouleversé par cette sculpture que je connaissais pourtant déjà.
« L’ange du foyer », utilisé pour l’affiche de l’exposition, m’a littéralement subjuguée. En la voyant en vrai, j’ai été frappée par sa luminosité et la richesse de ses détails. Le personnage, à la fois impressionnant et sympathique, semble danser, voire agacé. Derrière cette apparence joyeuse et légère se cache une dimension plus sombre. Peinte à l’arrivée au pouvoir des franquistes en Espagne, cette œuvre porte en elle une charge symbolique forte. Cette créature monstrueuse incarne la montée inexorable de la terreur qui s’abat sur l’Europe à cette époque. Max Ernst, connu pour ses engagements politiques, a ainsi créé une allégorie puissante de la violence et de l’oppression, dissimulée sous un masque de gaieté.
Au-delà de la réalité : la photographie surréaliste
Comment parler de surréalisme sans évoquer la photographie, mon médium de prédilection ? Cette dernière a fait partie intégrante du mouvement surréaliste, qui cherchait à repousser les limites traditionnelles de l’art en s’affranchissant des contraintes de la réalité et en explorant les profondeurs de l’inconscient. Man Ray, figure emblématique du mouvement surréaliste, a repoussé les limites de la photographie en inventant des techniques novatrices telles que les rayogrammes et les solarisations, que l’on peut admirer dans cette exposition.
Brassaï, quant à lui, a su allier le réel et le merveilleux avec ses photographies de rue nocturne. Ces clichés, empreints d’une « inquiétante étrangeté », sont mis en valeur dans un couloir sombre qui crée une atmosphère propice à la contemplation. J’ai été ravi de redécouvrir ces œuvres sous cette nouvelle lumière.
Enfin, les photomontages, notamment ceux de Dora Maar, sont tout simplement fascinants. Avec cette main sortant d’un coquillage ou ce portrait saisissant d’un fœtus de tatou, l’artiste nous plonge dans un univers onirique et troublant. Ces images surréalistes évoquent des créatures sorties tout droit d’un cauchemar.
L'influence du surréalisme dans mon travail
L’univers coloré et onirique du surréalisme, ainsi que son bestiaire fantastique, ont toujours exercé une grande fascination sur moi. La photographie surréaliste, notamment le travail de Dora Maar, m’a donné envie d’explorer de nouvelles voies créatives. Ma série « Sursaut » en est déjà une première esquisse, et je souhaite développer davantage cet aspect dans mes prochaines créations.